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« Je le fais pour ne pas contaminer la jeunesse »

"Je le fais pour ne pas contaminer la jeunesse"

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« Je le fais pour ne pas contaminer la jeunesse »

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Publié le : 22/01/2021 – 17:39

Avec la livraison des doses, la campagne de vaccination a démarré massivement cette semaine en France dans les établissements pour personnes âgées. À Paris, comme ailleurs, les vaccins sont très attendus par les résidents et les proches soucieux de les protéger du Covid-19. Reportage dans un Ehpad du 17e arrondissement de la capitale.

Une bonne odeur de crêpe s’échappe du 26 rue Médéric, un Ehpad du 17e arrondissement de Paris. Dans la salle commune, un tube des Gispsy King — « Volare » — retentit gaiment aux oreilles des quelques résidents confortablement installés au milieu des guirlandes lumineuses. Pas vraiment l’image que l’on se fait d’un établissement qui héberge les personnes âgées dépendantes. L’ambiance des grands jours ? « Non, indique-t-on poliment à l’accueil. L’atelier crêpe a lieu tous les jeudis. Et la musique, c’est très souvent. » Pourtant, c’est une journée particulière au sein de l’établissement : les doses du vaccin anti-Covid attendues depuis des semaines ont enfin été reçues. « On est très content pour nos résidents, on a vu arriver les vaccins comme le Saint-Graal, lâche avec amusement Claire Maurel, la directrice de l’établissement. On a même pris des photos ! »

Une salle commune où se rassemblent des résidents de l’Ehpad Korian, dans le 17e arrondissement de Paris, le 21 janvier 2021. © Aude Mazoué Convaincre les locataires de l’Ehpad privé du bien-fondé de la vaccination n’a pas été un problème. « Cela ne relève d’ailleurs pas de notre mission », souligne-t-on auprès de la direction. « Mais nous avons la chance d’avoir un médecin à plein temps au sein de notre structure qui a pu accompagner chaque résident, abonde la directrice. Il a pu ainsi répondre aux questions qui venaient principalement des familles et apaiser leurs craintes ». Seuls deux personnes sur les 98 que compte la résidence s’y sont opposées. L’une pour des raisons éthiques : elle n’a jamais été vaccinée et ne souhaite pas l’être davantage contre le Covid-19. L’autre préfère attendre : elle juge qu’il est encore trop tôt pour recevoir le vaccin. Pour le reste des résidents, l’arrivée du vaccin est un soulagement. « La vaccination est ici vécue par beaucoup comme un devoir auquel chacun doit se soumettre dans un souci de solidarité, poursuit la responsable des lieux. C’est aussi pour certains une manière de protéger les membres de leur propre famille et celle des autres. »

Isabelle, retraitée de 89 ans : Je me fiche d’avoir le Covid car ma vie est maintenant derrière moi. « Je l’ai d’ailleurs déjà eu sous une forme asymptomatique. Mais je veux me fais vacciner parce que je ne veux pas contaminer la jeunesse ». © Aude Mazoué « On aurait dû commencer par vacciner les jeunes »Un sentiment partagé par Isabelle, retraitée de 89 ans. « J’espère que ce vaccin va sauver des vies, explique celle qui est arrivée parmi les premières dans la salle convertie en centre de vaccination pour l’occasion. Je me fiche d’avoir le Covid car ma vie est maintenant derrière moi. Je l’ai d’ailleurs déjà eu sous une forme asymptomatique. Mais je veux me faire vacciner parce que je ne veux pas contaminer la jeunesse. Je pense d’ailleurs qu’on aurait dû commencer par vacciner les jeunes », assure l’octogénaire qui a pourtant payé un lourd tribut lié au virus. Son mari est décédé du coronavirus quinze jours seulement après leur installation dans la résidence en mars. Entre le deuil et les restrictions imposées par le protocole, « la situation n’est pas tous les jours facile à vivre », reconnaît-elle les yeux embués de larmes.  Heureusement, face à l’adversité, des élans de solidarité se sont créés entre résidents. « Le confinement nous a permis de nous rapprocher, assure Martine, 71 ans, atteinte de Parkinson, arrivée elle aussi en mars dans l’établissement. Nous nous sommes beaucoup soutenues entre nous. Je me suis fait des copines, nous parlons beaucoup, ça nous aide à passer les moments difficiles », assure-t-elle en regardant tendrement Isabelle, sa voisine de fauteuil et de palier.  Pour Martine, le vaccin signe surtout l’espoir d’un retour à la vie normale. « J’ai toujours bien aimé les vaccins, confie-t-elle dans un petit sourire malicieux. Sans doute parce que j’étais pharmacienne… J’espère que celui-ci va me permettre de sortir et de revoir mes sept petits-enfants dont j’ai tant été privée. » 

Le vaccin Pfizer, qui comprend 6 doses, ne mesure que quelques centimètres. © Aude Mazoué Des aides-soignants récalcitrants Chaque sortie de quelques heures avec un proche se monnaie au prix fort pour les retraités. Le protocole sanitaire impose un isolement en chambre d’une semaine auquel seul un test PCR négatif peut mettre fin. Alors pour Françoise, 91 ans, dont le père travaillait comme micro-biologiste à l’institut Pasteur, il n’y a pas de doute à avoir sur le vaccin. « C’est la seule solution pour sortir de cette crise et mettre fin aux restrictions qui ne sont pas agréables à vivre au quotidien. »  Le cossu établissement Korian situé dans les quartiers chics du 17e arrondissement de la capitale, comme bien d’autres Ehpad, n’a pas été épargné par la pandémie. Une vingtaine de résidents ont été atteints. Quinze sont décédés. L’application stricte du protocole est une nécessité pour survivre. Alors ici les petites fioles des laboratoires Pfizer sont les bienvenues. « Au début, il n’y a pas eu un grand engouement des résidents pour le vaccin, se souvient Christophe Gauthier, médecin coordinateur. Mais dès qu’il a fallu recueillir les consentements et que les choses sont devenues plus concrètes, les réponses ont afflué. Je ne m’attendais d’ailleurs pas à tant de réponses positives ! » Le praticien regrette en revanche que certains membres du personnel médical ne partagent pas ce même enthousiasme. « Les aides-soignants sont très réticents à l’idée de se faire vacciner. C’est dommage car quand on est soignant, je trouve que l’on se doit de prendre cet engagement individuel au service du collectif, qui plus est quand on travaille avec des personnes fragiles, conclut le docteur qui reste confiant. Le dialogue reste ouvert et les choses devraient se faire petit à petit. »

Le maire du XVIIe arrondissement, Geoffroy Boulard et le médecin coordinateur de l’Ehpad, Christophe Gauthier. © Aude Mazoué Un manque d’anticipation « incompréhensible »Dans une ambiance bon enfant, le médecin se tourne vers les résidentes — rien que des femmes parmi les volontaires — pour inoculer le précieux sérum. D’un geste doux, il enfonce l’aiguille dans l’épaule d’une première patiente en lui indiquant qu’elle ne devrait rien sentir. Effectivement, la retraitée n’a rien senti. Tant de douceur, « on en redemanderait », plaisante l’une des soignantes venues accompagner les résidentes. « Ne vous inquiétez pas, il y aura le rappel dans 21 jours », lui répond le médecin goguenard.  Alors que le soignant poursuit les vaccinations, le maire du 17e arrondissement de Paris, Geoffroy Boulard, débarque dans la petite salle de vaccination. L’édile a tenu à être présent aux côtés des résidents pour la deuxième séance de vaccination seulement de son arrondissement.  Et un peu pour la presse aussi. « On est heureux quand ça se passe dans d’excellentes conditions », lance-t-il. Mais la bonne humeur de l’édile est de courte durée. « Le manque d’anticipation des autorités sanitaires est quand même incompréhensible, fulmine l’élu. On nous a demandé d’ouvrir des centres de vaccination. Tout était prêt, puis on nous a dit qu’il n’y avait pas de vaccin, sans aucune explication. On peut quand même s’interroger sur la stratégie d’achat des vaccins de l’Agence régionale de la Santé et du gouvernement. »
Après le départ du maire, les résidentes quittent une à une la salle de vaccination pour regagner la salle commune, où l’on continue de servir des crêpes au son de musiques festives. Les résidentes fraîchement vaccinées s’installent autour du cuisinier affairé. Une telle épreuve valait bien quelques douceurs sucrées.   

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