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“La passion du métier a sa limite”

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“La passion du métier a sa limite”

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Publié le : 05/12/2020 – 17:52

Le député LREM Olivier Damaisin a remis cette semaine un rapport au gouvernement sur l’accompagnement des agriculteurs et la prévention du suicide dans cette profession. Car ce secteur est en proie à de graves difficultés économiques depuis plusieurs années. Témoignage d’un éleveur dans la Vienne.

Chaque jour, en 2015, plus d’un agriculteur s’est suicidé. Le total atteint 372 personnes, voire 605 en comptant les salariés agricoles, selon les derniers chiffres de la Mutualité sociale agricole (MSA). Une « surmortalité statistique par suicide pour les exploitants agricoles, comparés à la population générale, a été mise en évidence », rappelait en juin dernier l’Observatoire national du suicide. Les multiples difficultés rencontrées, qui contribuent au mal-être dans la profession et conduisent parfois les exploitants à envisager le pire, ont été l’objet d’un rapport remis, mardi 1er décembre, par le député Olivier Damaisin (LREM) au ministre de l’Agriculture, Julien Denormandie.Le phénomène dure depuis plusieurs années et les témoignages de détresse d’agriculteurs s’accumulent. Parmi eux, Guillaume Poinot. Interrogé par France 3 Nouvelle Aquitaine en septembre 2019, celui qui était alors éleveur de chèvres dans la Vienne racontait avec émotion la situation financière dans laquelle il se trouvait,. “Jusqu’en 2030, je vais travailler juste pour payer des dettes”, expliquait-il. Les difficultés économiques avaient conduit au placement de son élevage en redressement judiciaire.Aujourd’hui, Guillaume Poinot s’est reconverti dans l’élevage de moutons. “J’étais seul sur l’exploitation de chèvres, c’était beaucoup trop chronophage et ramené au temps que j’y passais je ne sortais pas de rémunération suffisante”, explique l’exploitant, contacté par France 24. “À cela s’ajoutait le redressement judiciaire en cours : à un moment donné, j’en étais à un ras-le-bol généralisé, il fallait que je trouve une échappatoire pour sortir de cette situation.”>> À voir : Suicide d’agriculteurs en France : les champs du désespoir“On travaille comme des forçats”Selon l’agriculteur, “s’il y a de moins en moins d’exploitations dans le pays, c’est bien qu’il y a un profond malaise”. La France métropolitaine comptait en effet, en 2016, 437 400  exploitations agricoles, un nombre en baisse de plus de la moitié en trente ans, selon l’Insee.“Le malaise vient d’abord du fait qu’on travaille comme des forçats et qu’on ne retire pas de salaire. Aujourd’hui, mon métier ne me fait pas gagner ma vie”, constate Guillaume. On dit qu’on s’acharne parce qu’on est passionné, mais la passion du travail a une limite si c’est pour en venir à des extrêmes et à se suicider, comme beaucoup de collègues l’ont déjà fait.”Pour prévenir cette situation, un programme national d’actions contre le suicide existe depuis 2011 : mise en place de cellules pluridisciplinaires de prévention, développement d’”Agri’écoute”… Ce dernier dispositif mis en place par la MSA, une ligne d’écoute accessible 24h/24 et 7j/7, a pour rôle de détecter les agriculteurs sensibles ou à risque avant qu’ils ne mettent fin à leurs jours. Cela a notamment permis à Matthieu Marcon de survivre : cet agriculteur dans l’Ain voulait se suicider, mais il a été pris en charge à temps par les services de secours après avoir appelé le numéro où il a expliqué “en deux mots qu(’il) voulai(t) partir”.>> Suicide d’agriculteurs en France : l’épidémie silencieuseEn 2016, le nombre d’appels à l’aide reçus par la plateforme “a plus que doublé pour atteindre 2 664, contre 1 219 en 2015”, a relevé le sénateur Henri Cabanel (RDSE), en 2019. Tout en ajoutant : “Malgré (cela), le suicide se banalise et continue de toucher fortement les exploitants.”Formation de “sentinelles”Guillaume Poinot a aussi “eu des idées noires, mais pas d’autodestruction” : “Si j’avais dû faire quelque chose, je m’en serais pris à certains et pas à moi-même car on est des victimes du système tel qu’il fonctionne, on n’est pas responsable de la situation dans laquelle on est.”Dans son rapport, le député Olivier Damaisin formule finalement plusieurs recommandations pour améliorer la situation dans le secteur agricole. Il propose entre autres d’”identifier les agriculteurs en difficulté”, de coordonner les acteurs de la prévention ou encore de mobiliser et former des “sentinelles”. Ces dernières, avec la connaissance des agriculteurs et de leur environnement, doivent être capables “d’identifier les situations de mal-être ou le risque suicidaire”, afin d’orienter les exploitants en détresse vers des structures d’aide.>> Camille Beaurain : « Les agriculteurs français se suicident à cause de leur travail »“Le fond du problème est économique : il ne suffit pas juste de mettre en place un numéro d’écoute ou des sentinelles”, nuance Guillaume Poinot, par ailleurs président du syndicat de la Coordination rurale dans la Vienne. Qu’elles soient d’ordre financier, personnelles ou liées à la solitude, les causes du mal-être chez les agriculteurs sont multiples depuis des années. Mais progressivement, leur parole se libère.

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